Crampes musculaires : jus de cornichons, capsules de sel ou moutarde ?
Remède de grand-mère ou traitement efficace ?
Dimanche matin, je cours avec mon copain. Aujourd’hui, on fait notre première Spartan Beast (2016) au mont Olw Head, près de Magog. Pour ceux et celles qui ne le savent pas, la Spartan Beast est une course en montagne de +/- 22km comportant de 30 à 35 obstacles…un pas pire training ! Après quelques heures dans la montagne, mon copain récent des crampes IN-TO-LÉ-RA-BLE au mollet. Celles-ci l’empêchent d’avancer pendant un moment. Il relax, puis repart. Mais les crampes persistent ! Que faire ?
À ce sujet, plusieurs rumeurs circulent dans le milieu sportif. Alors que certains ne jurent que par les capsules de sel, d’autres prônent le jus de cornichon ou la moutarde. Étant moi-même confuse, j’ai décidé de m’attarder au sujet.
Crampes : causes et origine
Selon sa définition, une crampe musculaire est : « …une contraction soudaine, intense, involontaire et passagère d'une partie ou de la totalité d'un muscle. » (1)
Il faut savoir que les causes réelles de crampes demeurent non validées par la science et que nous sommes encore au stade de la théorie. À ce jour, deux théories sont particulièrement véhiculées :
1- Déshydratation et perte d’électrolyte
« La théorie veut qu'en perdant une grande quantité de fluides, on accroît la pression à l'intérieur du muscle, ce qui rend les nerfs plus excitables et déclenche les crampes.» Kevin Miller, Professeur au Rehabilitation and Medical Sciences Department de la Central Michigan University. Cette hypothèse persiste énormément parmi les sportifs. Cependant, elle ne semble pas être validée par les faits. En effets, la littérature démontre que plusieurs sportifs ayant des niveaux normaux d’électrolytes auraient tout de même subit des crampes (2).
2- Fatigue neuromusculaire
Les crampes surviennent souvent lors d’un effort intense ou de longue durée. Le système nerveux, tout comme les muscles, serait exposé à la fatigue. Après un moment, ce dernier aurait donc de la difficulté à gérer les signaux d’excitation et d’inhibition, ce qui peut entraîner une crampe. Selon Dr.Bwenge, Médecin à la clinique de physiothérapie du sport de Québec « C’est la théorie qui est le plus logique. La crampe serait induite par la fatigue ».
Choisir son traitement : mythes VS réalité
Capsules de sel
L’hypothèse proposant le déséquilibre électrolytique comme cause aux crampes semble très incertaine. Une revue de littérature ne permet pas de conclure une évidence clinique entre le taux de sodium sanguin et les crampes musculaires. Par conséquent, il semble inapproprié de traiter les symptômes avec des capsules de sel. Lorsqu’ils consomment ces capsules, les sportifs omettent également un point important ; le sodium ne serait-il pas lié à la déshydratation ? De plus, un excès de sodium dans le système digestif peut être responsable de troubles digestifs chez l’athlète. Le phénomène naturel d’osmose aura pour effet d’entraîner un excès liquidien au niveau des intestins, pouvant ainsi occasionner des diarrhées ou inconforts.
Indépendamment des crampes, un apport en sodium est nécessaire pour remplacer les pertes induites par la sueur. Des apports allant de 1.2 à 1.5g de sel (NaCl) par heure sont recommandés. La concentration des capsules de sodium vendues sur le marché est très variable, allant de 100 à 500 mg.
Moutarde et jus de cornichons
Depuis un moment, la cuillère de moutarde ou les « shots» de jus de cornichons sont utilisés pour soulager les crampes. Une chose est certaine, davantage d’études sont nécessaires pour conclure de l’efficacité de ces traitements. Jusqu’à maintenant, les dosages sanguins permettent de confirmer qu’une ingestion d’un de ces deux composés ne permet pas de rétablir le taux d’électrolyte sanguin. Par contre, certaines études semblent bel et bien démontrer une diminution des crampes suite à la prise de moutarde ou de jus de cornichons. Comme mentionné précédemment, les fonctions neurologiques sont du plus en plus ciblées comme cause aux crampes. En effet, selon certains chercheurs, une hypothèse serait que ces composés soient efficaces grâce à leur caractère acide. Suivant cette hypothèse, l’acidité aurait un effet direct sur les neurones moteurs lors du contact avec la zone oro-pharyngée de l’athlète. Une hypothèse qui reste à valider.
Alors, que faire en cas de crampes ?
Premièrement, avant même de penser à guérir, il semble pertinent de tenter de les prévenir. Pour ce faire, habituer vos muscles à pratiquer des efforts en endurance. De plus, une bonne hydratation lors de l’activité physique semble de mise. Penser à boire de petites quantités régulièrement et préférer une boisson pour sportif contenant les proportions adéquates de sodium et de potassium.
Si vous ressentez une crampe malgré la prévention, arrêtez-vous pour étirer et masser le muscle. Finalement, rien ne vous empêche de tester le fameux jus de cornichons!
Références
1. Doctissimo santé. Encyclopédie médicale, crampes. www.doctissimo.fr Site Internet consulté le 30 juillet 2017.
2. Ma presse. Le grand mystère de la crampe musculaire. www.lapresse.ca Site Internet consulté le 5 août 2017.
3. Nicolas Aubineau nutritionniste. Sodium et sport. www.nicolas-aubineau.com Site Internet consulté le 31 août 2017
4. Doctors health press. Drinking Pickle Juice for Cramps – Harvard Approved, Salty Solution. www.doctorshealthpress.com Site Internet consulté le 31 août 2017.
5. Miller KC. Electrolyte and plasma responses after pickle juice, mustard, and deionized water ingestion in dehydrated humans. J Athl Train. 2014; 49(3) : 360-7
6. McKenney MA, Miller KC, Deal JE, Garden-Robinson JA,Rhee YS. Plasma and electrolyte changes in exercising humans after ingestion of multiple boluses of pickle juice. J Atlh Train. 2015; 50(2) : 141-6
7. Kevin C. Miller and Al. Electrolyte and Plasma Changes After Ingestion of Pickle Juice, Water ans a Common Carbohydrate-Electrolyte Solution. J Atlh Train. 2009; 44(5) : 454-461`
8. Kevin C. Miller and Al. Reflex Inhibition of Electrically Induced Cramps in Hypohydrated Humans. Med Sci Sports Exerc. 2010; 42 (5) :953-61